Le golf et l’eau
Après une année 2024 très humide durant laquelle l’arrosage sur nos golfs a été presque inexistant (parfois un seul arrosage a été nécessaire sur la saison !), nous sommes repartis sur un climat beaucoup plus représentatif de ce qu’est le réchauffement climatique dans notre région.
En effet, après avoir subi un hiver extrêmement humide, nous sommes brutalement passé à un printemps venteux et sec (avec des vents d’est desséchants). En ce début d’été, nous sommes soumis à des records de températures avec, pour conséquence, un dépérissement des graminées sur certaines surfaces de jeu. Ceci ayant pour conséquence directe, des surfaces de jeu trop souvent inégales dans le temps, une gestion de l’eau pas toujours bien comprise par le grand public, et même souvent critiquée par manque de connaissances. Éclairons ensemble le sujet.
L’excès d’humidité en hiver :
L’excès d’humidité en hiver pousse les golfs à analyser finement chaque surface de jeu et y apporter les traitements et modifications utiles tout en anticipant les besoins de la saison estivale. Les excès d’eau sont intelligemment drainés vers des points bas et dirigés vers des pièces d’eau existantes ou aménagées, servant ainsi de réservoirs pour l’été, tout en limitant les risques d’inondation dans les zones en aval.
Les surfaces de jeu sont également décompactées de manière régulière afin de permettre à l’excès d’eau de percoler rapidement vers les nappes et ainsi d’éviter le ruissellement (cause principale des débordements des cours d’eau).
L’irrigation en été :
Tout d’abord, il faut savoir que l’eau utilisée pour irriguer un golf est impropre à la consommation ! L’eau servant pour l’irrigation est obligatoirement stockée au préalable dans des réservoirs (bassins naturels ou artificiels). Il est donc primordial pour un golf d’avoir une bonne gestion de ces réserves qui ne sont pas inépuisables.
En Wallonie, la grande majorité des golfs concentrent l’irrigation uniquement sur les zones essentielles comme les greens (1 à 2 ha) et les départs (1 ha), afin de limiter au maximum leur consommation d’eau. Très peu disposent des réserves nécessaires pour irriguer les fairways (10 à 14 ha), et même lorsqu’ils le font, c’est sur des périodes très limitées. Cette gestion ciblée témoigne d’un engagement clair des golfs en faveur d’une utilisation responsable et raisonnée des ressources en eau.
Ceci représente donc dans la majorité des cas, si nous nous basons sur une surface moyenne de 50Ha, entre 2 et 6% de la surface totale irriguée. Le reste, soit de 94 à 98%, deviendra de la paille au même rythme que votre pelouse dans votre jardin.
Notons que par principe, un golf qui possède une plus grande consommation aura des réservoirs plus importants capables de recevoir une plus grande quantité d’eau en cas d’orage et donc d’éviter des inondations !
Il est également important de noter que, tout comme une forêt, les surfaces engazonnées contribuent activement à rafraîchir leur environnement en période de canicule.
D’un point de vue technologique :
Il est essentiel de rappeler que l’eau utilisée sur un golf, même impropre à la consommation, est un bien précieux. Elle est gérée avec soin et jamais utilisée à la légère. La gestion de l’eau se doit donc d’être stricte, bien utilisée et mesurée.
Un golf c’est :
- Des réseaux d’irrigations modernes ne présentant pas de fuites.
- Une gestion informatisée permettant de contrôler arroseur par arroseur.
- Une triangulation parfaite des arroseurs permettant d’apporter de l’eau uniquement sur des zones bien délimitées.
- Des stations météos mesurant uniquement l’évaporation du gazon afin d’apporter la dose d’eau minimum.
- Des sondes de sols permettant de mesurer le pourcentage d’humidité idéal afin de ne pas subir d’attaques de pathogènes dus à l’excès d’eau.
- Des outils de mesure précis afin de connaitre les consommations jour par jour et par surface.
La gestion du changement climatique provoquant les excès d’eau, les déficits en eau et les irrégularités des surfaces de jeu est un défi qui a été et qui reste une priorité pour les gestionnaires des surfaces sportives engazonnées.
À l’image de l’engagement des golfs wallons pour le zéro phyto, la gestion rigoureuse de l’eau constitue un défi majeur que la filière entend relever avec détermination.
Bon golf !